Asfalia mis à l’honneur à l’espace gaming du Quai 10 !

13 avril – 11h00. 

Nous passons les portes du Quai 10 pour rencontrer Loik Coubeaux, véritable passionné de jeux vidéo et animateur au sein de l’espace gaming. Lumières tamisées, écrans à chaque recoin de la pièce, cadres fantaisistes rappelant l’univers vidéoludique…  Il nous attend dans sa “caverne d’Ali Baba” contemporaine, intimiste et épurée. C’est là que se réunissent chaque semaine des familles, des passionnés ou de simples curieux pour tester de nouveaux jeux vidéo et retrouver leur cœur d’enfant. Parmi la liste des licences proposées ? Notre jeu-conte “Asfalia : Colère” !  

 

Bonjour Loik ! Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et nous expliquer ton rôle au sein de l’espace gaming du Quai 10 ? 

Bonjour ! Moi c’est Coubeaux Loik, je suis animateur, ici, à l’espace jeux vidéo du Quai 10. Mon but, c’est d’accueillir les gens, de leur présenter les nouvelles expositions autour du jeu vidéo et de les accompagner, en particulier s’ils sont néophytes dans l’univers du gaming.

L’idée, c’est de pouvoir leur indiquer les meilleurs jeux en fonction de leurs préférences, mais également de donner des animations autour de différentes thématiques liées aux jeux vidéo : la discrimination, la coopération, la démocratie ou encore les métiers que l’on peut exercer dans le domaine. C’est une notion qui est finalement assez méconnue du grand public : quand on discute avec des personnes extérieures des jobs liés au secteur du jeu vidéo, bien souvent, elles citent les programmeurs… Mais il n’y a pas que ça ! *Rires* 

Du coup, ma mission au quotidien,  c’est de démocratiser le jeu vidéo d’un point de vue culturel, mais aussi d’un point de vue professionnel, de toucher à ces différentes thématiques pour qu’ il y ait une institutionnalisation qui éveille les consciences. Le jeu vidéo, ce n’est pas qu’un objet médiatique. Ce n’est pas non plus une excuse pour s’enfermer chez soi : c’est un vecteur de lien social, c’est aussi une passion où on peut performer et qui regroupe des métiers d’avenir. Notre objectif, c’est d’étendre le champ des possibles autour du jeu vidéo. 

 

Quel type de public croises-tu au quotidien au sein de l’espace gaming ? Est-ce intergénérationnel ?

Le public est assez hétérogène. On cherche justement à provoquer cette rencontre entre les différentes générations via différents éléments. Par exemple, on a un événement qui s’appelle “Le dimanche en famille” où le but, c’est vraiment d’amener les familles (les grands-parents, les enfants…) à venir jouer ensemble autour de jeux accessibles. Lorsque nous sommes ouverts au grand public, on souhaite que tout le monde s’y retrouve au niveau des jeux proposés : des jeux plus complexes qui demandent un certain niveau, des jeux très accessibles pour jouer ensemble, des jeux dédiés aux enfants où ces derniers peuvent avoir leur propre espace personnel. Ils peuvent bien évidemment venir accompagnés de leurs parents, mais ces derniers ne sont pas obligés de rester constamment à leurs côtés. 

Il y a également de nombreuses écoles qui font le déplacement. Là aussi, l’objectif est de provoquer une rencontre : celle entre l’institutionnalisation du jeu vidéo, les écoles et les élèves. Les étudiants, surtout les plus jeunes, jouent de plus en plus et, pour certains, ont déjà cette passion du gaming. Les professeurs, quant à eux, ont soit déjà joué par le passé ou ont parfois des à priori autour de l’univers vidéoludique. On leur donne donc la possibilité d’avoir un espace de rencontre, tout en jouant l’intermédiaire entre des élèves passionnés et des instituteurs qui, pour certains, se rendent compte au fur et à mesure de la discussion qu’il y a quelque chose derrière, qu’il ne s’agit pas que d’un simple passe-temps. Il s’agit véritablement d’un lieu de discussion autour d’une passion saine, mais qui peut également devenir néfaste dans l’excès,  comme toute autre passion finalement… Le but, c’est de déconstruire les préjugés, tout en adoptant une approche professionnelle. 

Les nouveautés du Quai 10 

Que t’apporte le jeu vidéo dans ta vie quotidienne ? 

« Quand un enfant de 15 ans découvre le transhumanisme et le survivalisme à travers un jeu vidéo, on ne s’attend pas à ce qu’il nous en parle par la suite ! »

Le jeu vidéo m’apporte énormément !

Je suis un homme de passion : j’aime l’univers vidéoludique, mais aussi le cinéma et la culture geek en général. J’apprécie particulièrement certaines thématiques et la manière dont elles sont abordées, les inspirations et les liens au niveau de différents arts et médias. C’est la reconnaissance autour d’un milieu, d’une communauté, de se dire qu’en fait on peut créer beaucoup de choses à partir d’un objet culturel. Alors oui, le cinéma le faisait déjà avant, les arts plastiques aussi. Mais dans l’air du temps, le jeu vidéo, c’est quelque chose d’institutionnalisé. J’ai grandi avec ça et, finalement, j’ai rencontré des personnes, des amis, en plus de ma famille, qui partagent cette passion-là. C’est aussi un véritable métier pour moi parce que finalement ma passion m’a amené à travailler dans ce que j’aime et ça c’est une vraie chance.

Au niveau des thématiques abordées par les jeux vidéo… À l’école, je n’étais de base pas très assidu *rires*. Et finalement, j’ai découvert des thématiques comme la survie, le transhumanisme, le libre arbitre à travers des univers vidéoludiques. Le fait de transposer de telles thématiques dans un monde fantaisiste et d’utiliser un médium fictionnel pour les aborder est intéressant. Et puis, c’est par la suite à nous de faire le travail de recherche, de le transposer dans le réel et de se dire “ah bah tiens en fait ça, c’est des choses qui existent déjà et c’est des choses qu’on a voulu illustrer à travers des analogies.” Le jeu vidéo le fait en fait très bien d’un point de vue scénaristique, avec des outils de gameplay spécifiques.

Le fait d’avoir ce côté analytique avec objet culturel que tout le monde peut obtenir chez soi, ça nous positionne en tant qu’acteur réfléchi et ça c’est assez fou. Quand un enfant de 15 ans découvre le transhumanisme et le survivalisme à travers un jeu vidéo, on ne s’attend pas à ce qu’il nous en parle par la suite ! 

 

Lorsque l’on creuse le sujet, l’univers du jeu vidéo ne s’arrête pas à son “aspect superficiel”… 

Petite anecdote : j’ai un petit frère de 6 ans qui adore jouer et, en fait, il apprend l’anglais grâce aux jeux vidéo. Souvent, il place d’ailleurs des petits mots, des termes anglophones vraiment pertinents dans des contextes et des phrases spécifiques. Moi, à son âge, je ne le faisais pas *rires*. Les langues, je les apprenais à l’école, on m’apprenait à lire, à comprendre avec du vocabulaire. Lui ? Il prend sa manette, il joue et de par des situations ou des contextes donnés, il enregistre des mots et il sait comment les employer ensuite. Et quand on lui demande ce que ça veut dire, il nous donne la traduction. Je me dis, c’est assez fou de pouvoir apprendre une langue à travers des jeux communautaires. 

 

As-tu des conseils à fournir à nos lecteurs pour adopter une pratique saine du jeu vidéo ?  

Il y a bien sûr des choses qu’on peut mettre en place pour éviter de tomber dans le néfaste. Déjà, le temps de jeu. Je pense que comme toute bonne chose, il faut savoir s’arrêter à un moment donné. Je prends l’exemple de la salle de sport : après avoir passé 8 heures dans ce type de lieu, à la fin, votre corps ne vous répondra plus. C’est pareil quand on joue aux jeux vidéo ! A un moment donné, votre cerveau va se fatiguer moralement et émotionnellement. Je parle en connaissance de cause, j’ai aussi été adolescent *sourire*. 

Finalement, il faut mettre en place des outils, se dire “ok, je joue peut-être pas trop longtemps sur ma journée.”

Au niveau des parents, il faut également suivre les jeux auxquels jouent nos enfants et même nos ados. Il faut savoir être alerte, se renseigner sur le média au préalable : est-ce qu’il n’est pas trop graphique pour moi ? C’est important de suivre les réglementations autour du jeu vidéo, les thématiques abordées qui peuvent être sensibles. On peut être touché par certains jeux dans le bon sens du terme, mais aussi être heurté. C’est donc essentiel de se renseigner, mais aussi d’être accompagné par une figure parentale ou professorale. 

De notre côté, c’est un peu notre métier : on prévient, on explique les mécaniques du jeu en question pour les néophytes et on guide la personne vers l’histoire qui lui sera la plus adaptée. 

En bref, accompagnement, renseignement et limitation, ce sont les trois maîtres mots pour avoir une pratique saine du jeu vidéo.

 

Revenons un peu aux origines du Quai 10… Quelle est sa philosophie ? 

À la base, ça a commencé Côté Parc avec notre cinéma d’Art et d’Essai où on était sur un public de niche très particulier. Par la suite, nous nous sommes aussi installés au niveau du quai de la gare, ça a évolué et c’est devenu le “Quai 10”. On a toujours gardé cet ADN d’Art et d’Essai, mais on propose également désormais des thématiques plus larges car la population était vraiment demandeuse. Ça nous a permis de créer une rencontre entre la culture et le public.

Ensuite, l’espace gaming est né, parce que le jeu vidéo avait aussi quelque chose à raconter. Non pas dans les triple A qu’on connaît toutes et tous, mais au niveau des jeux indépendants, moins connus du grand public. À l’image du cinéma où on mettait l’accent sur Art et Essai, ce lien entre les deux univers (cinématographique et vidéoludique) s’est fait naturellement et nous sommes devenus un espace transmédiatique où nous pouvons créer une proposition interactive entre deux objets culturels. Par exemple, avec la sortie du film Super Mario Bros, on a pu proposer un lien de compréhension : les gens se disent “ok, je vais voir Mario au cinéma du Quai 10 et puis je repasse à l’espace gaming pour mieux comprendre les références du film.” 

« La philosophie du Quai 10, c’est de créer un projet culturel riche. »

C’est pour ça qu’on a aussi d’autres partenaires implantés au niveau du Quai comme Kaleidi qui propose des activités pédagogiques et culturelles et avec qui nous pouvons faire des liens au niveau du jeu vidéo. L’objectif, c’est de créer un maximum de synergie et de cohérence avec d’autres acteurs culturels à Charleroi. Le jeu vidéo ne s’arrête pas à son format (médium), il ne s’arrête pas non plus à son rôle de “frère éloigné du cinéma” : dans ce contexte, les partenariats sont vraiment primordiaux. Nous recherchons avant tout la cohérence, la synergie et le fait que comme dans tout projet, il est important de ne pas rester centré sur nous-même, mais plutôt de montrer à la ville et aux autres acteurs qu’on a quelque chose à raconter et qu’on peut le faire ensemble. 

Jeux indépendants au Quai 10 de Charleroi

Sur base de quels critères s’effectue la sélection des jeux vidéo mis à l’honneur au Quai 10 ? Quelle est la procédure à suivre ? 

Il y a plusieurs étapes : la première, c’est le choix des thématiques que l’on va aborder sur l’année complète. On discute de ce qui est pertinent dans l’écosystème actuellement, de ce dont on a pas encore parlé ou dont on aimerait parler. On sélectionne ensuite précisément les jeux (déjà sortis ou non) plus tard pour éviter de passer à côté d’une nouvelle pépite. Le but, c’est de proposer un maximum de choses : la sélection se fait donc un mois à l’avance. Ça nous laisse ainsi le temps de communiquer dessus, d’aller chercher toutes les informations relatives et de s’organiser. On contacte dès lors les studios pour une question de droit d’utilisation et les retours sont généralement très très positifs. Surtout chez les indés où c’est vraiment bénéfique pour eux en termes de visibilité, comme pour nous en termes d’échanges aussi construits. 

Le choix définitif s’effectue au sein de notre équipe, on est quatre personnes. Évidemment, chacun a ses préférences et ses spécificités, c’est ce qui crée de la richesse et de la diversité. Si on m’écoutait uniquement, on tomberait à chaque fois sur des jeux compétitifs ou d’aventure à la réflexion poussée *sourire* alors qu’il y en a qui préfèrent des jeux fun à faire ensemble. On se pose autour d’une table et on fait la review de tous les jeux sortis.

Il faut savoir qu’on fait énormément de veille sur les réseaux (Discord, Twitter…) parce que c’est à cet endroit qu’on retrouve le plus d’échanges en termes de game design et de game dev. Et puis on débat beaucoup parce qu’en fait, on est actuellement limité à 9 bornes sur ordinateur et 4 tablettes, ce qui fait que quand on arrive chacun avec 15 jeux différents et qu’on se dit “attendez, regardez ! J’ai trouvé des perles” et qu’on  atteint 60 jeux au total, il faut faire des choix. On tranche en fonction de ce qui est pertinent et de ce qui convient le mieux par rapport à la situation actuelle. Puis la magie opère ! 

 

Pourquoi avoir choisi de mettre en avant notre jeu-conte “Asfalia : Colère” dans votre sélection de mars / avril ? 

Tout d’abord, nous étions dans une curation libre. Nous n’avions donc pas de thématique précise à mettre en valeur. Cependant, l’une de nos bornes accueille des jeux belges. Du coup, ça tombait sous le sens puisqu’Asfalia est un jeu vidéo Made in Belgium. Première case de cochée ! Puis on s’est dit “bah tiens, c’est vrai qu’on a rarement des jeux sur PC destinés aux enfants”. Généralement, ils sont accessibles sur tablette. C’était l’occasion d’initier un public plus jeune à différents supports, autres que tactiles, avec un clavier et une souris. 

On a également vite compris qu’il y avait une démarche sérieuse derrière, au niveau de la communication à la pédagogie et que l’univers était très accueillant. Après discussion, on s’est rendu compte que le jeu était bien plus que pertinent et dépassait le simple “critère belge”. Pour nous, c’était aussi l’occasion d’avoir un accompagnement autour des parents et des enfants. On a souvent tendance à parler de jeux pédagogiques comme étant des choses un peu lourdes pour les enfants dans lesquels on va leur apprendre le français, etc. Je pense qu’on a passé cette époque qui était vraiment cantonnée aux années 90. Ici, on a vraiment une nouvelle façon de se réapproprier un champ pédagogique. C’est aussi un test de notre côté en termes de retours, finalement, je dirais même un test pour tout le monde ! 

Du coup, on s’est dit “ok, est-ce que ce public-là sera de la partie et viendra aussi répondre à nos attentes ?” 

« Asfalia, c’est l’un des premiers jeux de la sorte en Belgique qui a autant d’investissement, qui a une véritable démarche auprès des familles et des enfants. »

Le jeu-conte Asfalia au Quai 10

 

Verdict ? Quels sont les retours que vous avez eu jusqu’à maintenant au niveau du jeu-conte “Asfalia : Colère” ? 

La réponse qu’on a eue est finalement assez positive. Quand les parents viennent, ils regardent un peu partout les types de jeux proposés et nous demandent lesquels sont adaptés à leurs enfants. Ils peuvent décider de jouer avec eux, mais ne sont pas forcément obligés de s’investir eux-mêmes : certains veulent juste faire plaisir à leurs enfants. Finalement, tous les types de public ont été convaincus par Asfalia, même des jeunes adolescents qui se sont mis à l’essayer parce que les autres bornes étaient prises. Ils se sont pris au jeu !   

Ça fonctionne très bien, on a de très bons retours dessus et de bons échanges avec les parents. Il y a une vraie démarche derrière et ça étonne les parents qui n’ont pas l’habitude de se dire qu’un jeu peut aussi offrir une approche pédagogique et communicationnelle auprès des plus jeunes. C’est finalement une nouvelle façon d’aborder le jeu vidéo, ça leur fait plaisir et je pense que c’est l’un des meilleurs arguments. On nous a même demandés où le jeu était disponible et sur quel type de support. Du coup, c’est à nous de les aiguiller et de les informer ! 

 

Merci beaucoup Loik de nous avoir partagé ta vision du jeu vidéo et d’avoir choisi, avec ton équipe, de mettre à l’honneur “Asfalia : Colère” ! 

Venez tester gratuitement notre jeu au Quai 10 de Charleroi jusque fin avril ! 

  • Quai Arthur Rimbaud, 10 – B-6000 Charleroi 
  • Mercredi (13h à 17h30), vendredi (15h à 17h30), samedi et dimanche (13h à 17h30)

 

Vous n’en avez pas la possibilité ? Découvrez cet univers enchanteur et plongez dans un monde d’émotions en commandant notre jeu-conte sur l’eshop.